Bruxelles, 20/07/2006
Commentant les récents événements survenus en Europe, qui ont révélé l'ampleur du phénomène du travail forcé et de l'esclavage parmi les travailleurs migrants, John Monks, Secrétaire général de la CES a déclaré: « Nous sommes choqués que de telles situations puissent se produire sur le territoire de l'UE. Elles devraient être perçues par les autorités nationales et communautaires, et par les employeurs et les syndicats de tous niveaux, comme un signe que les politiques et les mesures actuelles se concentrent sur les mauvaises questions et sont en grande partie incapables de protéger les gens contre l'exploitation. Nous souhaitons que l'on mette davantage l'accent sur les mesures préventives en matière de migration et de développement. »
Réagissant également à la communication publiée cette semaine par la Commission européenne concernant une « politique de l'UE visant à lutter contre la immigration illégale », il a ajouté: « Nous sommes d'accord avec la Commission lorsqu'elle affirme que les Etats membres doivent être plus sévères à l'égard des employeurs et de ceux qui profitent de conditions de travail abusives, mais l'approche de la Commission ne fait aucune référence à l'importance de la surveillance et à l'application de normes de travail minimales ainsi qu'à la protection des droits de l'homme des travailleurs migrants, de même qu'elle n'appelle pas les employeurs et leurs organisations à adopter une approche moins ambigüe en la matière. Si nous voulons mettre un terme à ces situations odieuses, il est essentiel d'offrir aux travailleurs migrants sans papiers et à leur famille les moyens de sortir de ces situations irrégulières et de leur permettre de signaler des conditions d'exploitation, sans craindre une expulsion immédiate ».
Selon la CES, il est illusoire de penser que les Etats membres de l'UE peuvent résoudre le problème de la immigration illégale en fermant leurs frontières et en appliquant des mesures de répression.
Dès lors, dans plusieurs prises de position récentes.[ [[[Réaction de la CES au livre vert de la Commission sur une approche communautaire de la gestion des migrations économiques ]] [[ Position de la CES sur les mesures transitoires applicables à la libre circulation des travailleurs issus des nouveaux États membres de l'UE ]]la CES a réclamé un changement fondamental d'orientation, en inversant l'approche sans issue que la plupart des Etats membres de l'UE ont adoptée à l'égard de la migration. La CES réclame des politiques sociales plus actives - et leur application et leur mise en oeuvre effective aux plans national et communautaire - afin de mettre un terme à la concurrence déloyale entre entreprises et Etats membres au détriment des droits des travailleurs.
Il convient également de reconnaître que toute personne - en possession ou non des documents adéquats - doit être considérée et respectée comme un être humain et avoir le droit aux droits humains de base et aux normes de travail minimales (y compris des conditions de travail décentes, la liberté d'association et la protection contre le travail forcé) dont tous les citoyens devraient pouvoir jouir.