Bruxelles, 06/03/09
Alors que la récession se propage et s’intensifie dans l’économie mondiale, les hommes et les femmes en subiront les conséquences sur le marché du travail, et l’inégalité des sexes risque d’être exacerbée par la crise. A une époque de récession économique, les femmes sont souvent confrontées à ses conséquences négatives d’une autre manière que les hommes, en raison de leur double rôle de salariéees et de personnes s'occupant d'un proche. Étant donné qu’elles sont aussi susceptibles d’occuper des emplois moins payés et plus précaires que ceux des hommes, elles sont confrontées à un plus grand risque de pauvreté immédiate lorsqu’elles perdent leur emploi.
Alors que la récession se propage en Europe, l'intérêt se concentre bien entendu davantage sur la sauvegarde de l'emploi et moins sur la distribution plus équitable des salaires entre les sexes, les accords sur le temps de travail flexible visant à concilier travail et vie de famille et la protection des droits de maternité et de paternité. Le visage public de cette crise est un visage masculin, avec la fermeture des usines de fabrication et la perte des primes des banquiers. A ce jour, les femmes sont en marge de la crise. Il semble que la lutte acharnée en faveur des droits à l'emploi qui a permis aux femmes de concilier travail et vie de famille - travail flexible, davantage de droits de maternité et travail à temps partiel - fasse partie des acquis aujourd’hui menacés et fragilise la situation des femmes sur le marché de l'emploi.
Comme l’expose sa Charte sur l’intégration de la dimension de genre dans les syndicats, la CES estime que l’intégration de la dimension de genre est essentielle pour le progrès social et la durabilité, et ce plus encore en période de récession. Pour protéger l’Europe sociale, il est essentiel d’encourager une « relance équitable », qui crée des opportunités pour tout un chacun et n’exacerbe pas les problèmes d’inégalité existant entre hommes et femmes, mais leur permet de satisfaire leurs aspirations en matière de participation au marché du travail et de prospérité matérielle. Par conséquent, la CES appelle les gouvernements et les décideurs à:
• protéger l’emploi et offrir une éducation et une formation non seulement aux travailleurs des industries clés, mais aussi aux chaînes de fournisseurs et aux secteurs de services où une majorité des femmes sont employées dans des conditions souvent précaires, sans protection, et risquent donc des licenciements secs;
• éviter les coupes claires dans les dépenses publiques, menaçant ainsi d’une part les emplois dans le secteur public, qui sont détenus par une majorité de femmes ce qui mettrait donc leur emploi en péril, mais porterait également atteinte au niveau de services publics permettant aux femmes de combiner la participation au marché du travail et la garde, comme par exemple la garde des enfants;
• renforcer et étendre la protection sociale en assurant l’accès à la sécurité sociale, aux retraites, aux allocations de chômage, à la protection de la maternité et aux soins de santé de qualité pour tous.
Afin de garantir que la voix des femmes est entendue, et que les capacités des femmes sont pleinement utilisées pour relever les défis de notre temps, il est essentiel d’investir dans une représentation accrue – et de meilleure qualité – des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions politique et socio-économique.
Pour plus d’information
- Charte de la CES sur l’intégration de la dimension de genre dans les syndicats
- Régardez la vidéo de la Confédération syndicale internationale (CSI) sur Les femmes au travail