A l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, les syndicats accusent les institutions européennes de considérablement retarder des mesures importantes pour s’attaquer aux violences de genre en dépit de l’augmentation du nombre d’agressions.
De nouvelles protections sont requises d’urgence au vu de l’augmentation du nombre d’incidents de violence contre des femmes rapportés durant la crise du Covid. Ces incidents concernent notamment un pic de violence à l’égard de travailleuses de première ligne ainsi que de la violence domestique et du harcèlement en ligne rendu plus facile grâce aux logiciels de surveillance intrusifs utilisés par certaines entreprises.
Trois initiatives importantes sont toutefois toujours bloquées au niveau européen :
- Le 8 décembre, la Commission devait présenter des propositions pour « prévenir et combattre des formes spécifiques de violence de genre » mais ces propositions ont disparu de l’agenda de la Commission la semaine dernière. Il y a maintenant six mois que la consultation de la Commission à ce sujet est clôturée.
- Le processus d’adhésion de l’UE à la Convention d’Istanbul sur la violence à l’égard des femmes a débuté en 2015 mais reste également bloqué au niveau du Conseil européen malgré un arrêt de la Cour de justice européenne en octobre précisant que l’UE n’est pas tenue d’attendre sa ratification par tous les États membres.
- Le Conseil européen retarde la ratification par les États membres de la Convention de l’OIT sur l’élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail au prétexte qu’il publiera un avis juridique à ce sujet, avis que la CES estime inutile mais que le Conseil met une éternité à présenter.
La CES invite tous les États membres à suivre l’exemple de la Grèce et de l’Italie et à ratifier d’urgence la convention de l’OIT.
La Commission européenne devrait aujourd’hui annoncer une nouvelle date pour sa proposition pour lutter contre la violence de genre qui devrait notamment confirmer le rôle important joué par les syndicats et la négociation collective dans l’élimination de la violence à l’égard des travailleuses. La CES s’inquiète toutefois du fait que cela n’apparaissait pas dans la consultation de la Commission sur ce thème.
La Secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch précise :
« Alors que les femmes sont fréquemment victimes d’actes de violence et de harcèlement, l’Europe fait passer d’inutiles querelles politiques et juridiques avant les actions nécessaires pour faire des lieux de travail des endroits libres de tels actes. Nous aurons droit aujourd’hui à des messages pleins de bonnes intentions de la part des leaders de l’UE mais ceux-ci seront jugés non pas sur leurs belles paroles mais sur leurs actions. »
« Les États membres devraient suivre la Grèce et l’Italie et ratifier la Convention 190 de l’OIT. Nous exhortons aujourd’hui les responsables européens à rendre prioritaire la fin des violences contre les femmes. Cela réclame la responsabilisation et l’implication des travailleuses pour éradiquer la violence et le harcèlement dans le monde du travail avec le soutien des syndicats et de la négociation collective. »
« Les femmes travaillant en première ligne de la lutte contre le Covid, particulièrement les soignantes, les vendeuses et le personnel des secteurs des transports et du nettoyage, ont été confrontées à des abus durant la pandémie tandis que celles travaillant de chez elles en raison du confinement ont souffert de nouvelles formes de cyberharcèlement. Ces travailleuses ont besoin de plus et de meilleures protections, maintenant. »