Les eurodéputés sont poussés par les syndicats à soutenir un accord entre le Conseil européen et le Parlement (accord auquel le Comité de l’emploi du Parlement a souscrit cette semaine) visant à assurer aux travailleurs davantage et une meilleure protection contre les cancers d’origine professionnelle.
« Ceci est une importante victoire pour les syndicats qui ont mené campagne pendant de nombreuses années pour arrêter la prolifération des cancers professionnels », explique Esther Lynch, Secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats (CES). « Il est consternant de voir que, dans l’Europe du 21ème siècle, il existe encore des entreprises qui cherchent à maximiser leurs profits au détriment de la santé de leur main-d’œuvre et des générations futures. Il faut donc se réjouir du fait que l’UE se préoccupe à nouveau des besoins des travailleurs. »
L’accord conclu par les institutions européennes sur la première révision de la directive sur les agents cancérigènes et mutagènes consacre l’introduction de limites d’exposition professionnelle (LEP) contraignantes pour 11 substances cancérogènes supplémentaires, y compris les composés du chrome VI et la silice cristalline, et va bien au-delà de ce que la Commission européenne avait proposé au départ. Par exemple, les États membres devront maintenant organiser la surveillance de la santé tout au long de la vie des travailleurs exposés aux substances cancérogènes. L’accord impose également à la Commission européenne d’étudier la possibilité d’étendre le champ d’application de la directive aux substances toxiques pour la reproduction d’ici à 2019.
« Une meilleure surveillance de la santé contribuera à sauver des vies », prolonge Lynch, « et la protection contre l’exposition aux substances reprotoxiques, si elle est mise en œuvre, permettra d’éviter fausses couches, malformations congénitales et autres graves problèmes de santé aux futurs enfants de travailleurs exposés.»
L’approbation par le Parlement et le Conseil européen d’une deuxième révision de la directive introduisant des LEP contraignantes pour 5 autres agents cancérigènes publiée par la Commission européenne en janvier 2017 est toujours en attente. Une troisième révision concernant les LEP pour d’autres substances cancérogènes a été promise pour le début 2018 par Marianne Thyssen, la Commissaire pour l’emploi et les affaires sociales.
Les travaux pour la révision de la directive sur les agents cancérigènes et mutagènes (2004/37/CE) ont commencé en 2004. Ils ont été suspendus pendant près de 10 ans avant d’à nouveau devenir une priorité pour la Commission suite aux pressions syndicales. La CES a pour objectif de faire adopter des LEP contraignantes pour 50 agents cancérigènes prioritaires d’ici à la fin 2020 et insiste vivement auprès des employeurs pour qu’ils engagent des négociations concernant de nouvelles actions pour s’attaquer aux cancers d’origine professionnelle. Ces cancers sont la principale cause des décès liés au travail et coûtent chaque année la vie à 100.000 travailleurs dans l’UE.